Éloge à la lenteur

 
Sur le sentier riant que l’on voit à peine serpenter en contre bas,
On s’est croisé j’en suis certaine,
L’autre soir, toi et moi.
Tu marchais, alourdi par tes pensées citadines,
Et frôlais sans le voir, l’érable dépouillé et nu ;
Tu brisais, rageur, ses feuilles sous tes pas
Et dispersais le tapis de flammes opalines
            Rassemblées en petits tas.
 
Sur ce chemin parfumé par octobre qui fuit
Le Noyer à l’odeur si amère, a offert ses fruits
Laissant sur le sol toutes ses noix ;
Le vent frémit,
Tu lèves la tête en espérant de celui qui passe,
Un regard indulgent, même fugace.
 
Et moi, simple badaud, oui, moi, je retiens mes pas comme on retient ses chevaux.
Pour éviter qu’ils galopent, qu’ils s’enfuient, qu’ils partent courir après les choses vaines, les folies.
Alors oui, je rôde, j’écoute les oiseaux, je flâne, et pars sur les chemins croiser ta silhouette pressée, ton sourire fatigué et ton âme.
 
Lydia Kowicz Loriot, pour mon amie Zarah

 

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