
La relaxation est souvent un précurseur de la pensée lente. La recherche a prouvé que les gens pensent de façon plus créative lorsqu’ils sont calmes, tranquilles et délivrés du stress, alors que la pression du temps leur met des œillères. (Eloge de la Lenteur Carl Honoré)
Vie ! Merveilleuse petite fée, tu arrives au monde et déjà tu cries ta peur, parce que tu le sais, tu es trop brève. Généreusement tu donnes la chance de vivre à ceux qui viennent à toi.
Ensuite tu repars tu te retires parce qu’il y a un début et aussi une fin, d’où te vient cette idée qu’il y a un début et une fin ? Qui donc a décidé ça ?
Alors, il te faut courir car on nous poursuit, le temps n’attend pas il est intraitable. Un jour est un jour une heure est une heure, courir pour économiser le temps qui fiche le camp. Courir pour rattraper ceux qui sont devant, courir pour fuir le vampire qui veut ton sang, courir par ennui parce que, quand tu ralentis tu te demandes pourquoi tu vis.
Si tu te poses là au milieu des roses le temps de contempler leurs pétales de sentir l’odeur qu’elles exhalent tu sens le fluide impératif du temps qui sort de toi et de nouveau tu te lèves tu dis « assez de rêves, je repars je vais être en retard » et ton pas s’accélère tu reprends du rythme et de nouveau ton corps s’envole et se coule dans la foule. S’il-te-plait, marche, marche ne cours pas, ralentis ton pas, les pensées vont venir te donner la main te soutenir, te rentrer chez toi, ne les recherche pas elles viendront à toi, et tu verras au bord du chemin un insecte qui marche bon train, vous marcherez à la même allure, tu auras le temps de croiser un visage d’enfant avec ses yeux innocents pour qui le temps ne compte pas, et vous êtes déjà trois, l’insecte l’enfant et toi, à trois on n’est plus seul et on ose, on ose s’arrêter pour voir passer l’eau sous le pont et regarder ces cygnes fidèles à leur glissements magiques et tu te dis peut être qu’avec un peu plus de patience et de cœur et tu y arriveras, oui tu pourras marcher au rythme de toi, en faisant l’éloge de ta lenteur à toi, tu verras les choses en profondeur, et les minutes que tu crois avoir perdues prendront de l’ampleur, s’ouvriront, s’épanouiront tels des pivoines roses, tu sentiras leur mystérieux parfum tout en marchant paisiblement. Tu marcheras aussi à l’intérieur de toi chaque fois que tu le pourras ce sera votre rendez-vous intime à ta vie et toi, parce que ta vie c’est toi.
Quelle que soit sa longueur elle peut être mince et plate comme un disque sans couleurs sans écho et sans joie ou gonflée mûrie intense comme un joyeux ballon explorateur bondissant sur les moments présents. Tout dépend de toi. Parce que nul autre que toi ne décides, même si les autres ne le savent pas.